LAURENT

 

Les erreurs, les mauvais choix

Ne sont pas des excuses…

Pour la naissance des enfants

Qui ne sont pas nés d’amour.

Ces innocents qu’on aime

Trop ou pas assez !

A l’époque où la vie

Avait le goût du sang au coin des lèvres !

Où les mots claquaient comme des injures !

Aujourd’hui ! Mon fils !

Je jette à tes pieds d’airain mon repentir,

Des bouquets de pleurs séchés

Au soleil d’or des larmes d’oubli.

La délivrance de l’amour

Prisonnier des années de haine…

De larmes cachées,

De chagrin et de honte

Refoulés dans les abîmes de ma conscience.

L’innocence d’un regard d’enfant

Dans les yeux d’un homme qui sourit.

Un mirage dans mes illusions.

Je te croyais à jamais

Égaré dans mon avenir…

Dans les forêts d’angoisses

Peuplées de mes peurs secrètes.

Dans nos espoirs déçus

A la croisée de nos chemins désespérés.

La souffrance de l’enfance sacrifiée

Se cache dans ton âme

Et se lit comme un aveu…

Peut-être le pardon

De n’avoir jamais oublié,

Malgré l’apparence blafarde

De l’absence.

Les cris silencieux

De mon cœur en prière

Ont percé ton cœur

Rempli d’amour et de haine.

Ta rancœur a rendu les armes,

Tes larmes coulent, enfin! Dans tes veines.

Tu laisses ta peine

S’en aller contre mon cœur,

Et mon cher Ange ! Tu pleures !

 

Bien sûr les fêlures de l’enfance

Sont toujours présentes dans nos mémoires…

Tous ces moments qu’on a oubliés de vivre ensemble.

Toutes ces heures perdues

Dans notre passé de léthargie,

Secouent la vérité

Endormie, au son des mensonges

Des non dits de l’ignorance.

Renvoyant dans le néant

La voix muette de la douleur

D’essayer d’oublier.

 

Sur le miroir de mon présent,

L’éclat de ton sourire, enfin !

Un cadeau, le triomphe

D’une bataille contre le temps.

 

Mon fils, mon enfant !

Je t’enferme pour l’éternité

Dans l’écrin de mon cœur.

Ton avenir est inscrit

Dans les lignes de nos mains.

Mon amour de maman

Dans la ligne de cœur

De ton âme.

 

Pleure mon enfant !

Mon Laurent !

Mon âme !

Pleure sur ces années d’inconscience,

La révolte de l’oubli

Dans l’indifférence.

Le vol de l’adolescence blessée,

Torturée par le silence.

 

Léna, novembre 1996