ANGOISSE D’UNE NUIT

 

Que de questions derrière ton silence

D’inquiétude dans ton regard de brouillard

De douleur contenu

Dans ton petit corps torturé.

Toi qui vit entourée de tendresse et d’amour

Dans ton petit univers bien douillé

Ce bonheur construit rien que pour toi

Au fil des jours de ta vie.

 

Ce soir, tu es là sur ce petit lit

Tu me regardes avec tes yeux noyés de larmes

Avec des mots muets, tu pleures en silence

Et moi, je suis impuissante à ta douleur

Je lis ta souffrance dans les spasmes

De ton être blessé.

J’inonde mon cœur de larmes

Car mon visage doit rester impassible

J’écris la détresse de mon désarroi.

Des mots qui me parlent que d’espoir

De toi, mon petit soleil

Petite fille adorée,

Ma courageuse Julie.

Tu luttes de toutes tes forces

Malgré ton sommeil artificiel.

Je lis le moindre signe

Sur ton masque de souffrance.

Derrière ma peur

Je te regarde dormir, les paupières fermées

L’ombre de tes cils recourbés

Recouvre les cernes noirs

De tes joues blafardes

Qui te donne cet air si fragile

De poupée de porcelaine.

Ma frayeur

Me fait redouter le pire.

  

La pâleur de ton visage

Est saisissante,

Le grand sculpteur n’a saisi

Que tes traits de souffrance

Le peintre a oublié les couleurs.

Le mouvement de tes jambes

De tes bras suppliciés

Donne la nausée à mon âme.

Je me demande pourquoi c’est toi,

Petite fille innocente, graine de vie

Qui doit subir tout ça.

Peu à peu le voile du passé se déchire

En arrachant des morceaux de mon âme.

Le remord est un hachoir qui dépèce ma vie

J’entrevois des embryons sanglants qui flottent dans le néant.

Comme un gigantesque puzzle...

Ma mémoire refuse de le reconstitue.

Ceux qui m’ont fait mal

En prenant des parties de ma vie.

Ils ont tué la pureté de mon âme.

En écorchant mes entrailles

En volant mes enfants

Pour les façonner de mépris et de haine

En utilisant le temps qui passe

Pour que plus jamais

Mon image sourit

Dans leurs cœurs cassés.

 

Alors, je regarde mon espoir

J’embrasse son front brûlant.

Je me penche pour écouter

Les battements de son cœur.

Elle semblait dormir

Quand tout à coup,

Comme un animal apeuré

Elle s’est assise dans le coin

De son lit cage.

Blottie tel un fauve traqué

N’ayant plus la force de crier

Je l’ai prise contre moi,

Calmant ses angoisses

En lui chantonnant ses airs préférés

Pour qu’elle se rendorme.

Elle est repartie pour le pays des rêves

Son corps est toujours secoué

De soubresauts.

 

La nuit avance en entraînant mon angoisse

J’attends l’instant d’après.

Une main de fer semble serrer mon cœur

Je continu mes lignes d’écriture.

J’ai tellement peur de m’endormir

Mon dieu que cette nuit est longue.

Cet enfant, ce bébé d’amour

Ce rêve éveillé que nous avons tous souhaité

Cet espoir de chaque jour

Ces sourires dans nos rires

Ce bout de chou si joli

Ce morceau du ciel arraché à l’éternité

Cette âme innocente déjà confronté

A la douleur, la maladie.

Ne serait-ce qu’une étoile filante ?

Non ! J’évite de sombrer dans le piège

Que me tende mes idées noires.

Elles hantent mes pensées,

J’ai l’impression de dériver…

Astéroïde dans le néant

Infini de mon univers limité.

Aspiré par le trou noir

Du temps qui s’enfuit.

Le froid glacial

Qui s’est emparé de moi

Me paralyse devant cette souffrance

Qui n’est pas mienne.

Cette nuit qui n’en finie pas.

En cette aurore qui se lève,

Je croule sous les doutes…

Ma foi se fait toute petite

Devant la puissance de tes actes.

Mais en cette nuit d’angoisse,

Je prie pour ta délivrance.

Que ton sourire d’ange

Vienne à nouveau fleurir

Le printemps dans ton cœur.

La maison du bonheur est construite

De pierres et de pavés d’amour.

Dont les sentiments sont le ciment.

Notre étoile est bénite et elle nous guide

Sur le chemin du ciel de notre avenir.

 

Léna, 28 février 1996